Il y a de ces articles qu'on veut écrire depuis longtemps mais on ne sait pas comment tourner les phrases, on ne sait pas sur quelle idée partir. C'est le cas pour cet article, mais tant pis, je me lance!
Depuis que je suis petite, j'adore les langues étrangères ainsi que notre belle langue française. Je me souviens qu'en CM2 j'avais apporté une cassette en classe (oui, une cassette, celle qu'on rembobinait avait le doigt ou un crayon... Je suis de la vieille époque!), une cassette des worlds apart. Il y avait les paroles dedans et on essayait avec mes copines de l'époque de chanter en yaourt "everybody" ou bien encore "baby come back" et ce n'était pas bien beau à entendre (vous auriez les oreilles qui saignent, j'en suis sûre)!
Dans le collège où je suis allée, nous avions la possibilité d'apprendre l'anglais et l'allemand à partir de la sixième. Ma mère en a discuté avec ma maîtresse pour savoir si j'avais le niveau pour apprendre deux langues à partir de douze ans et selon mes notes, c'était tout à fait possible. J'étais tellement contente d'apprendre quelque chose de "spécial", quelque chose que tout le monde ne faisait pas encore à ce moment là.
L'anglais ça allait, je trouvais ça simple et amusant, je comprenais enfin des bribes des chansons des Spice girls, des Boyzone et j'en passe (j'assume mes goûts musicaux, tout à fait!) mais l'allemand, c'était tout de même plus dur. Mes notes ne volaient pas très haut et en plus, notre prof adorait faire des contrôles surprises sur les verbes et les numéros (sa phase fétiche pour ceux qui n'avaient pas de bonnes notes : "qui qui va copier les verbes / les chiffres?"). J'étais triste de ramener des notes en dessous la moyenne en allemand mais il a fallu attendre le déclic pour me donner goût à cette langue vivante et vraiment remonter ses sales notes. Avez-vous une idée de ce que cela peut être? Non. Non, toujours pas. Ce n'est pas ça. Oui, voilà! J'ai eu une correspondante et je suis partie en Allemagne!
Bon pas en avion comme sur la photo hein, en bus mais je suis partie en Allemagne quand même. C'était la première fois que je voyageais en dehors de la France, j'ai même dû faire ma première carte d'identité pour y aller! Passer une semaine en Allemagne, chez des Allemands et vivre comme eux, ça a vraiment été le déclic! Surtout qu'il fallait bien parler un peu allemand quand on était lâchés par les professeurs pour faire une chasse au trésor dans la ville ou écouter le guide pendant une visite. J'avais adoré remplir le carnet de bord de notre séjour (je les ai encore quelque part, j'en suis sûre). C'était tellement bien que j'y suis retournée l'année suivante chez une autre correspondante et même en vacances avec mes parents et ma cousine. A côté, l'anglais était toujours aussi chouette à apprendre, les notes ne descendaient pas, rien à signaler.
Et puis il y avait le français, langue qui me plaisait depuis toujours. J'aimais et j'aime beaucoup lire (bien que j'ai du mal à trouver le temps pour me plonger dans un roman depuis quelques années). En primaire, j'étais souvent dans les classes mixtes (entendre par là, CP avec CE1 et CE1 avec CE2) et j'allais toujours taper dans la bibliothèque de la classe du dessus. Normalement on n'avait pas le droit mais chut, une de mes maîtresses était aussi ma voisine et elle me laissait me servir tout de même dans les livres des plus grands. Il y avait aussi les défi-lectures. C'était un certain nombre de livres à lire et après il y avait un concours entre plusieurs écoles où il fallait répondre à des questions de mémoire ou de compréhension. J'adorais ça! Au collège, j'avais une imagination débordante pour ce qui était expression écrite mais je n'ai jamais eu de bonnes notes en grammaire (qu'est-ce que c'était chiant quand même la grammaire!). Quand on avait des rédactions à faire à la maison, j'avais une amie qui me demandait toujours de relire les siennes pour corriger les fautes d'orthographe et j'adorais ça (sadique vous avez dit?).
Je suis rentrée au lycée en ayant auparavant appris le grec ancien. Cela n'a pas été facile (alphabet différent, à la première lecture, on ne comprends rien, on passe le nez plongé dans le dictionnaire), je n'en ai pas beaucoup de souvenirs mais ce fut tout de même une sacrée expérience (j'ai même fait grec spé, je sais, je suis folle). Et j'ai aussi fait une seconde et une première littéraire, tout ça parce que j'aimais les livres. Donc la littérature ok, mais la philo, berk!
Mes matières préférées au lycée étaient l'anglais, l'allemand (en groupe réduit, j'appelais ça une langue morte tellement on était peu), la littérature et la musique.
Quand il a fallu choisir une université, ça a été la catho d'Angers qui proposait des formations quadrilingues (oui, on y arrive enfin à ce mot, quadrilingue) où on venait avec déjà deux langues dans nos bagages et on en apprenait une nouvelle en rentrant à l'université. J'ai choisi l'espagnol car comme tout le monde l'avait appris au collège et c'était vraiment une langue plus populaire. Je voulais savoir pourquoi moi! Ah oui, c'est quand même beauuucoup plus facile que l'allemand! Plus facile certes, mais quand on a une prof qui aime saquer et dire que l'on n'arrivera à rien dans la langue qu'elle nous enseigne, la motivation n'est pas très grande (j'aimerais bien la revoir tiens, juste pour lui dire ma façon de penser!).
Qui dit université, qui dit langues, dit séjour Erasmus! On devait choisir trois villes en Allemagne pour aller y passer six mois et l'université choisissait parmi ces trois villes. Six mois sur un campus, seulement des étudiants, ne pas pouvoir rentrer chez ses parents le week-end, en immersion en fait. J'avais choisi Stuttgart en premier lieu car c'était la ville la plus près de Villingen, la ville où j'étais allée en quatrième et troisième, et je ne sais pas pourquoi, ça me rassurait, d'une certaine façon. Là bas, j'ai dû traduire de l'allemand vers de l'anglais, prendre des cours d'espagnol en allemand... C'était folklo! C'est aussi durant ces six mois que j'ai connu the Husband (merci les études!). Il m'aidait avec mes cours d'espagnol et m'a appris qu'il y avait plusieurs types d'espagnol (je parle espagnol latino).
Et finalement, l'été qui a suivi mon semestre Erasmus, je suis partie au Chili pour y vivre presque trois ans. De nouveau, immersion totale!
Quand je dis que je suis quadrilingue, c'est parce que je parle français, anglais, allemand et espagnol. Et quand je dis presque, c'est parce que je ne suis pas totalement bilingue en allemand, j'ai encore quelques lacunes mais je me débrouille bien toute seule pour me faire comprendre, remplir des dossiers administratifs... Par contre, je comprends très bien l'anglais, je crois le parler correctement (à part mon accent tout pourri, ça va) et en ce qui concerne l'espagnol, je parle un "español chileno" couramment, c'est à dire un espagnol qui comporte pas mal de différences avec l'espagnol d'Almodovar, un espagnol du Chili avec tous ses tics de langage.
Avec the Husband, nous parlons espagnol à la maison mais nous essayons de temps en temps de parler français et espagnol (espagnol pour the Husband, français pour moi, vous avez tout compris) dans la même conversation pour qu'Alexander soit familiarisé avec les deux dès tout petit. C'est très difficile pour moi de parler français quand mon mari est à la maison car en trois ans, j'ai pris l'habitude de ne parler qu'espagnol. Quand je suis avec Alexander en journée, je ne lui parle que français, cela me paraît logique. Au quotidien, je suis en contact avec les quatre langues toute la journée : français sur les réseaux sociaux, mon blog, un livre et comme je le disais un peu plus haut avec notre fils, espagnol avec the Husband et ma belle-famille, allemand quand je me plonge dans des courriers administratifs, quand il y a des réunions mamans / bébés dans le voisinage, au supermarché du coin, à la poste, dans la rue et anglais pour regarder des films ou des séries (sous-titrés en espagnol pour que mon mari puisse bien suivre) ou bien sur le net que ce soit pour lire des infos sur quelque chose ou bien encore acheter un article sur ebay par exemple.
Au début, c'était très difficile d'avoir le "switch", passer d'une langue à l'autre comme ça. Le plus dur étant de mettre en relation deux personnes ou plus qui ne se comprenaient pas sans passer par moi (mes parents et the Husband au début de notre relation. J'avais de ces maux de tête après une conversation de plus d'une heure!). Maintenant c'est devenu automatique, plus aucun souci.
Mais, mais, mais... the big cuestione, la question à un million : quelle(s) langue(s) va parler Alexander? Français et espagnol? Français et allemand? Français, espagnol et allemand dès le plus jeune âge? Nous ne savons pas encore et il serait temps que l'on se décide parce qu'il commence à répéter des syllabes, donc les mots ne sont pas loin.
Bravo à celles et ceux qui ont lu l'article jusqu'au bout (il est quand même long!). Et ça m'intéresse, quelles langues parlez-vous? Pourquoi celle(s)-ci et pas une autre (d'autres)? Si vous êtes un couple avec des pays d'origines différentes, en quelle(s) langue(s) parlez-vous à la maison? Et à vos enfants? Cela m'intéresse énormément!